À la lecture de l’article de La Presse + « Ça n’arrivera pas en 2020: Un revenu minimum garanti pour tous » (janvier 2020), nous avons relevé quelques bémols par rapport à certains aspects relatifs aux calculs fiscaux pour la mise en place d’un revenu minimum garanti pour tous.

Petite mise en contexte : Le revenu minimum garanti (RMG) tel que décrit dans l’article est l’équivalent libéral du revenu social universel garanti (RSUG) que défend le Front commun des personnes assistées sociales du Québec depuis plusieurs années. Le RSUG vise la justice sociale comme but ultime, à travers plusieurs moyens de répartition des richesses.

Pour lire l’article de La Presse +, cliquez ici: https://bit.ly/30PisAE

Étant donné que nous sommes un groupe en défense des droits des femmes assistées sociales, et que nous portons cette revendication depuis plusieurs années, voici notre réponse à l’article en question:

Tout d’abord, on omet de calculer dans l’article toutes les économies réelles qui auraient  pu être inclues si le revenu minimum garanti était appliqué à l’ensemble de la société. En calculant le coût d’une mesure sociale de cette ampleur, l’oubli majeur est celui de la réduction des dépenses. Avec un vrai revenu social universel garanti, on remplace de nombreux programmes sociaux, incluant l’aide sociale, qui n’auraient plus raison d’être.

Concrètement, l’article propose deux (seulement?) options de financement possible, soit en haussant de 260 % les revenus de la TVQ, ou alors en augmentant de 150 % les revenus provenant des impôts des particuliers. Ce que l’article oublie de mentionner, c’est l’allègement administratif important qui résulterait d’une telle politique sociale, ou encore la réduction des dépenses reliées à l’évitement d’un grand nombre de procédures juridiques servant à contester des refus de contraintes, pour des raisons médicales par exemple.

Pensons à tous les coûts sociaux de la pauvreté, notamment au niveau du système de santé et du système carcéral, qui entrainent les gens dans la pauvreté et les y laisse. Ces coûts sociaux seraient réduits de manière significative si on s’attaquait aux causes directes de la pauvreté en implantant un revenu social universel garanti.

Le fait de se limiter à la TVQ et à l’impôt des entreprises comme seules solutions fiscales envisageables nous coince dans de faux débats idéologiques. En se penchant sur le document « 10 milliards de solutions », présenté par la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics en février 2015, on se rend vite compte que le portrait est beaucoup plus vaste que cela. L’organisme non-gouvernemental Oxfam rappelait en janvier 2019 dans les pages de la Presse+ comment les 25 milliardaires de la planète possédaient autant de richesses que la moitié de l’humanité.

De l’argent il y en a, particulièrement dans un pays qui fait figure de paradis fiscal pour les minières à travers le monde. Pensons aux milliards de surplus que le Québec amasse depuis des années à coups de mesures d’austérité appauvrissantes.

Avec de la volonté politique, on se rend compte que nous avons tout en main pour faire en sorte que ce projet devienne réalité. Il suffit de choisir la justice sociale et la répartition de la richesse.

Marielle Bouchard

Emmanuelle Chaloux

Marylou Cambron-Bertrand