Lettre à mes petits enfants chéris : Laurie, Henri, Arthur, Félix, Samuel, Émile et mes petits surplus d’amour : Kelly, Saule, Artémis et Hermine.

𝑴𝒆𝒔 𝒑𝒆𝒕𝒊𝒕𝒔 𝑨𝒎𝒐𝒖𝒓𝒔 ,

J’arrive à cet âge où la plupart des gens passent à la retraite pour essayer de profiter de la vie qui reste au-devant. Période de repos très souvent bien méritée après avoir travaillé tant d’années. Mais c’est impossible pour moi, l’urgence est trop criante à mes yeux et je pense à vous; même si du travail, c’pas ça qui a manqué au cours de ma vie avec cinq enfants. Surtout quand on pense que j’ai été seule à prendre soin de vous la plupart du temps, et ce, beaucoup trop d’années. Trop d’années à tiré l’diable par la queue, trop d’années de jobs précaires, de jobs à bas salaire, de chômage, d’aide sociale, de pauvreté qui use et qui tue à p’tit feu. Trop d’années de stress ou ma santé y’a goûté. Trop d’années à affronter trop de préjugés.

Malgré cette vie ardue dont peu de gens aurait voulue. Vie que je porte dans mon corps douloureux au quotidien, parfois jusqu’à prendre le lit; malgré tout, dans mon petit paradis en plein cœur du bois aujourd’hui j’suis bien, j’suis heureuse, pis j’manque de rien.

Mieux même, y’a de l’abondance tout autour pis au-dedans de moi. L’abondance de vie qui grouille et qui renaît chaque printemps dans l’étable au fond d’la cour. L’abondance chaque été dans nos jardins qui débordent de saveurs et de couleurs. L’abondance des réserves qui s’additionnent chaque automne dans la chambre froide et les congélateurs. L’abondance de paix chaque hiver, quand le silence règne en sourd, après la dernière neige tombée. J’vois l’abondance des gestes d’amour aussi de mon *amour* au quotidien, au travers tous les soins, l’engagement, l’écoute et le dévouement qu’il me (nous) porte. À tout ça je dis : merci la vie!

J’vois l’abondance d’amour dans mon cœur pour mes enfants et maintenant pour vous mes petits-enfants si précieux. C’est dans cet amour inconditionnel que je puise la force et le courage de continuer le combat pour un monde meilleur et un véritable avenir pour tous.tes. Mais aujourd’hui, mes petit.es pour la première fois j’ai peur. L’avenir me semble si sombre tout à coup même si je le sais et je le dis depuis longtemps (Force Vive 2003-2007) que justice sociale et environnementale vont de pair. Que les deux trouvent leur origine dans une même cause : un système 𝐜𝐚𝐩𝐢𝐭𝐚𝐥𝐢𝐬𝐭𝐞 𝐬𝐚𝐮𝐯𝐚𝐠𝐞 𝐞𝐭 𝐢𝐧𝐡𝐮𝐦𝐚𝐢𝐧, un capitalisme 𝐯𝐢𝐨𝐥𝐞𝐧𝐭 pour la Terre et trop de ses habitants. Un capitalisme qui nous divise et nous affaiblit collectivement et que face à ce système d’oppression, même des enfants peuvent comprendre et être créateur de changement.

⌛ Maintenant nous n’avons plus que trois ans pour réagir et vous assurer un avenir. J’ai envie de crier, j’ai envie de pleurer et je me sens révoltée… Il serait criminel de ne pas agir conséquemment face à l’urgence de l’environnement. Criminel pour vous tous nos petits-enfants. Tant de colère et d’amour simultanément en moi. Amour pour les miens et colère face à cette croyance que l’on a de notre impuissance de changé quelque chose à cela. Pour ne pas sombrer dans LES violences, cette colère me demande grande conscience et maîtrise de moi. Toute l’énergie que cela me demande trouve sa voix dans ma militance active, mais 𝐜̧𝐚 𝐧𝐞 𝐦𝐞 𝐬𝐮𝐟𝐟𝐢𝐭 𝐩𝐥𝐮𝐬!

C’est pour ça que parfois, mes souliers blancs de clown me chatouillent les pieds et m’invitent encore une fois à *danser* ainsi qu’à enfiler mon habit de Bab, clown utopiste de mes jeunes années… qui sait?

Mais en attendant, aujourd’hui en ce 𝐽𝑜𝑢𝑟 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑇𝑒𝑟𝑟𝑒 criant d’urgence, j’aimerais nous dire : AIMONS-LÀ! Aimons-là comme on doit aimer sa mère. Avec respect et diligence… Et ce, même si dans tous ces cycles de pluies, de neige, de chaud, de froid, de forêt tropicale, de montagne, de mer et de désert elle nous en fait voir de toutes les couleurs. N’oublions pas qu’elle est fragile. Même si depuis des siècles et des siècles elle nous fournit tous.tes à souper. Pis que si l’assiette n’est pas équitable pour tout l’monde, c’est parce qu’y en a qui en prenne plus que ce dont ils ont besoin pour manger ! Devant la CRISE qui se pointe à l’horizon (en fait on l’a su l’bout du nez!) nous n’aurons qu’UNE solution : un Revenu de Base Universel (RBU), pour se donner à tous.tes les moyens du virage vert, pour se donner à tous.tes les moyens de l’achat circulaire, pour agir tous.tes ensemble pour le bien de notre Terre-Mère et de nos sœurs et de nos frères…
Yé temps que le 1% paie sa juste part dans tout ça !
𝐉𝐮𝐬𝐭𝐢𝐜𝐞 𝐜𝐥𝐢𝐦𝐚𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞, 𝐉𝐮𝐬𝐭𝐢𝐜𝐞 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐚𝐥𝐞 = 𝐔𝐍 𝐬𝐞𝐮𝐥 𝐜𝐨𝐦𝐛𝐚𝐭. ✊

Bonne journée gang

Chantal Bernard, militante active au RASST, au FCPASQ et à ROSE du Nord